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avait laissé, après avoir gagné un million par son travail de quarante années. Son vouloir était aussi tenace que son imagination était mobile, mais aussi faible, aussi aisé à dominer, qu’elle était ingouvernable et colorée. Il semble que ce soit là l’explication véritable de toutes ces contradictions où elle s’est souvent embarrassée lorsqu’elle a voulu parler de l’amour.

On ne saurait écrire une histoire du talent de George Sand : qui dit histoire, dit transformation, évolution, développement, et pendant quarante ans qu’elle a fait œuvre d’écrivain, elle est restée semblable à elle-même : telle elle était dans Valentine, telle nous la retrouvons dans Jean de la Roche, ou Le marquis de Villemer ; le sentiment de la mystérieuse beauté des choses qui a dicté les descriptions de Nanon, c’est celui-même qui lui faisait écrire dans les Lettres d’un voyageur des phrases comme celle-ci : « Venise prit l’aspect