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l’amour ne disparaît guère de l’œuvre de George Sand que vers la moitié de sa carrière littéraire. Cette cruelle façon de se représenter la joie d’aimer, était-ce une excuse qu’elle se donnait à elle-même des passions où parfois elle s’était laissé égarer, ou n’était-ce pas plutôt, traduite en une formule abstraite, l’histoire même de sa vie, gouvernée par la volonté des autres, de son cœur tyrannisé par des désirs qu’elle aurait souhaité de ne point accueillir, déchiré d’amours ingrats qu’en sa bonté tendre et sa douloureuse pitié, elle n’avait pas su repousser loin d’elle.

Nulle volonté ne fut plus passive que celle de cette femme qui cependant était si vaillante d’âme et savait persévérer avec une patience si gaie et une si sereine bonne humeur dans l’écrasant labeur qu’elle s’était imposé. Elle donnait sans compter, et elle est morte sans plus de fortune que sa grand’mère ne lui en