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femme qu’elle a dessinés d’une plume si délicate et si sûre qui permet de comprendre comment George Sand sentait et concevait vraiment l’amour. Indiana, Fernande, Valentine, Geneviève, toutes ces amantes qui aiment d’une si naïve et mélancolique tendresse, il ne semble point qu’elles obéissent à une ardente passion, mais tout au contraire qu’elles se sacrifient elles-mêmes pour donner au prix de leur pudeur, à leur ami, une joie qui console sa tristesse ou endorme son chagrin : c’est la crainte de faire souffrir qui presque toujours les oblige à succomber. La Daniella laisse croire à Jean Valreg qu’elle n’est plus digne d’être épousée pour qu’il fasse taire ses scrupules et consente à la prendre pour maîtresse : c’est qu’elle sent en son cœur la souffrance qu’il s’inflige à lui-même en renonçant à la posséder.

Il en est parmi les femmes qu’a dépeintes George Sand qui résistent ou se refusent ; est-ce