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l’amour irrésistible et fatal, qui va légitimement à son but, sans avoir à se soucier des larmes et des désespoirs qui marquent sa route, c’est dans la bouche de Bénédict qu’elle la place, et elle avouait dans la préface de la Marquise (1861) toute la peine qu’elle avait eue dans ses premiers romans à peindre avec vérité des caractères d’hommes. Elle construisait ses personnages masculins, les caractères surtout du mari, de l’amant, du héros du livre enfin, avec les souvenirs que lui avaient laissés ses lectures, aussi les a-t-elle faits longtemps faux, exagérés, incohérents.

Les théories qu’elle intercale çà et là dans ses romans sont beaucoup moins l’expression de sa pensée personnelle que le reflet des idées qu’elle attribue à ses personnages. Si elle n’a jamais pu s’abstraire de son œuvre et n’y rien faire passer d’elle-même, elle s’est fréquemment laissé conquérir à son tour par les êtres qu’elle avait