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se parler qu’ils s’aiment, et il semble qu’au fond de la forêt d’arbres très anciens passent dans l’ombre d’un rêve ces troupeaux de grands cerfs et d’aurochs, qui bramaient par les bois alors que la Gaule était libre encore. Et, dans ce même roman où elle a su mettre tant de profonde et rêveuse poésie, George Sand a esquissé la plus frappante histoire qu’on ait peut-être écrite des espérances, des craintes, des manières de sentir et de penser des paysans à la veille de la révolution, et cette histoire, elle la conte en une langue éloquente et sobre où s’exprime, avec une puissance qu’elle n’avait point encore atteinte, cette âme de bonté tendre et de patiente justice qui était en elle. Tous ces gens de campagne semblent copiés sur le vif : c’est que ce livre, elle l’a écrit déjà vieille, alors que les souvenirs de ses lectures s’effaçaient en elle, et que ses années d’enfance, qu’elle avait vécues au milieu des hommes, témoins de ces choses,