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remontrer, pour l’esprit de chicane et d’intrigue, au plus retors des agents d’affaires.

Il est au reste deux des romans rustiques de George Sand qui échappent à toutes les critiques, bien ou mal fondées, qu’on a dirigées contre quelques-uns d’entre eux : je veux parler des Maîtres Sonneurs et de Nanon. Taine disait des Maîtres Sonneurs : « C’est beau comme du Virgile, » et il semble en effet qu’un souffle du poète en qui a si doucement pleuré l’âme sacrée des prairies et des champs ait passé dans ces pages où George Sand évoque les grandes forêts frémissantes, les vastes plaines que les vents d’été sillonnent de vagues d’or, empourprées de fleurs, les bruyères sauvages, que broutent, dédaigneux et pensifs, les bœufs, travailleurs de la terre ; mais jamais peut-être on n’a fait revivre en de plus réelles peintures la vie joyeuse et rude des coupeurs de chênes qui chantent dans le bois sonore tant que dure la