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isoler entièrement des fictions romanesques, des poétiques rêves où elle aimait à se laisser entraîner, les souvenirs qu’avaient imprimés en elle les choses et les gens parmi lesquels elle avait vécu ; mais il arrivait cependant parfois, lorsqu’elle n’avait à mettre en scène que des personnages aux sentiments simples et naïfs, et que l’action où elle les engageait demeurait aussi peu compliquée que leurs caractères, qu’il ne se mêlât rien d’étranger aux images laissées en sa mémoire par la vie rustique, sinon les sentiments mêmes qu’avait éveillés dans son âme fraîche et douce le spectacle de cette vie.

Ces sentiments ne sont point à coup sûr les vrais sentiments des paysans, mais ils en diffèrent beaucoup moins que ne le pensent les écrivains qui connaissent mal les gens de campagne, et la raison, c’est que non seulement George Sand avait longuement et patiemment observé les paysans, mais que la plus large part