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et plus variées que les conceptions contournées et monotones des romanciers à succès.

George Sand avait bien quelque mérite à s’obliger à être simple au risque de perdre des lecteurs, car elle aimait beaucoup, elle le déclare elle-même, les événements romanesques, l’imprévu, l’intrigue, l’action. Elle se défendait, au reste, d’avoir jamais copié la réalité : « Cent fois, dit-elle, on m’a proposé des sujets à traiter. On me racontait une histoire intéressante, on me décrivait les héros, on me les montrait même ; jamais il ne m’a été possible de faire usage de ces précieux documents. » (Notice de Lucrezia Floriani.)

George Sand avait raison : elle n’a jamais copié le modèle que le hasard avait placé sous ses yeux, mais le modèle intérieur qui guidait sa main, c’était bien souvent à la réalité que, sans le vouloir, elle l’avait emprunté. Elle avait l’imagination ainsi faite, qu’elle ne pouvait