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d’Alfred de Vigny. Mais la condition essentielle pour qu’elle puisse créer ces allégories d’une si rare et pénétrante beauté et leur donner la vie, c’est qu’elle ne songe point aux allégories, ni aux symboles, et qu’elle évoque seulement à nos yeux les images, éclatantes ou voilées, qui défilent en son esprit, et fasse ainsi passer en nous les sentiments d’une amère et cruelle douceur qu’elles éveillent dans son âme ; il suffit pour n’en douter point de relire, après Lélia, la Coupe, par exemple, ou les Sept cordes de la lyre.

Les sentiments s’expriment naturellement chez George Sand par des images, et ces images ne sont point celles que semblent devoir lui suggérer la nature intime et comme la couleur de l’émotion, mais celles que des circonstances extérieures ont associées aux mouvements divers de son âme : un paysage en vient ainsi à raconter l’histoire entière d’une passion. Et tout cela est involontaire ; ce symbole a une sorte d’in-