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« Moi je me déclare incapable de vous ranger dans une classe d’écrivains quelconque ; vous êtes très personnellement vous, et nul ne pourra jamais vous donner un nom, et on se trompera toujours en vous appliquant une appellation connue, tant que les médecins aliénistes, les paléontologistes, et les vétérinaires habitués à soigner les baleines malades dans les grandes houles du Sud ne se mettront pas à faire de la critique littéraire. »

On admettra que cette boutade, mise par le Loti de Fleurs d’ennui dans la bouche de son ami Plumkett, affirme avec quelque raison l’originalité de l’auteur de Pêcheur d’Islande.

Pourtant, quelque vain qu’il puisse être de vouloir absolument ranger ce dernier dans une catégorie dûment étiquetée d’écrivains, il semble que tous les critiques, de Brunetière à Jules Lemaître, aient été d’accord pour voir en Loti moins un romancier qu’un poète lyrique.

Certes, Loti se défend lui-même dans le Roman d’un enfant d’avoir jamais écrit de vers ; mais, d’autre part, rien ne ressemble moins à des romans que ces livres essentiellement subjectifs, ou sous les traits de personnages peu agissants et en revanche infiniment aptes à sentir, transparaît toujours Loti lui-même. Ces héros d’ailleurs semblent en quelque sorte écrasés et annihilés par l’ambiance, celle-ci traitée magistralement, non avec