Adam dont l’Akédysséryl par exemple reste pour Loti la peinture la plus merveilleusement évocatrice qu’on ait donnée des féeries indiennes. Les jeunes de talent ne sont pas tous eux-mêmes des inconnus pour Loti. Il fut le premier à proclamer le talent de Claude Farrère, qui, n’étant pas encore l’auteur des Civilisés, vécut un an à son bord sans lui avouer qu’il se livrait lui aussi à la littérature. Quoique prosateur convaincu, Loti plus qu’aucun critique admire les strophes panthéistes de la comtesse de Noailles qu’il se rappelle avoir rencontrée toute enfant sur un bateau de Constantinople, et dont l’œuvre comme la sienne est avant tout une véhémente protestation contre la vieillesse et la mort.
À vrai dire, Loti s’est toujours tenu très en dehors des coteries littéraires qu’il estime infiniment misérables. Il tient moins encore, croyons-nous, à son titre d’Académicien qu’à ses galons de capitaine de vaisseau.
Si par « littérature » au mauvais sens du mot on entend une œuvre purement formelle que nul instinctif élan ne dicta, il n’est pas de livres méritant moins cette appellation que ceux de Loti. En son œuvre, Loti a mis le meilleur de lui-même et parce que ses livres sont lui, ils ne peuvent plaire ou déplaire à demi. Mais on discute des idées, on ne discute pas des façons de sentir. À ceux qui lui reprochent sa résignation infiniment mélancolique devant le perpétuel écoulement des choses, Loti demande seulement de n’ouvrir point ses livres ; ils ne sont pas faits pour eux.