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que ceux-là sauraient, par un Credo suffisamment large, rendre la paix à son âme inquiète. Malgré les affinités qui toujours existèrent entre l’âme hindoue éperdument panthéiste et l’inconscient panthéisme de Loti, ce dernier avait pourtant quitté l’Inde un peu transformée mais sans avoir trouvé la paix définitive, se sentant trop attaché aux formes périssables et à sa propre individualité pour professer avec ardeur le détachement qu’implique la foi brahmanique.

Comme, après l’Inde, la Perse avait tenté son âme aventureuse, Loti dans Vers Téhéran raconte son odyssée. Partis avec lui de Bender-Bouchir, nous gravissons par petites journées le plateau de l’Iran. Nous visitons tour à tour rendues avec le même sens affiné des nuances qui lui servît pour rendre les féeries marocaines, les mosquées aux coupoles d’émail bleu de Chiraz et d’Ispahan puis les jardins de roses et les tombeaux de Saadi, d’Hafiz, puis par Téhéran nous regagnons la Caspienne et l’Europe.

À son retour de Chine, Loti fait dans le Levant, comme commandant du Vautour, une campagne de dix-huit mois. Les Désenchantées, qui datent de cette période, sont le premier livre à thèse qu’il ait écrit. Ajoutons que le plaidoyer en faveur des femmes turques, demeurées exagérément esclaves de leurs maris, ne nuit nullement à l’intérêt du roman. Si la personnalité d’un Loti attachant un peu trop d’importance à la jeunesse physique demeure trop visible sous les traits de son