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Turcs sont obligés de s’interposer. Il s’en va vers la Galilée où il espère retrouver le fantôme du Dieu consolateur dont, pense-il, mille traditions ont dénaturé le rôle sublime et les paroles.

Il y a dans La Galilée plus de poésie que dans Jérusalem et presque plus de foi. Bien des pages évoquant le souvenir du Christ prêchant sur les bords du lac de Génésareth seraient à citer tout entières. Mais, somme toute, ce n’est pas avec l’ivresse de la vérité reconquise que Loti achève son pèlerinage ; il rentre dans le courant du siècle frissonnant à l’entrevision « des lugubres avenirs, des âges noirs qui sont commencés après la mort des grands rêves célestes, des démocraties tyranniques et effroyables, où les désolés ne sauront même plus ce que c’était que la prière. »

Ce livre, consacré à la Terre Sainte, s’achève d’ailleurs sur une description de Brousse et de la mosquée verte, un des bijoux de l’art musulman qui, lui, sans aucun doute, a conquis Loti par son charme aristocratique, son idéal de rêve, excluant toute idée de pensée vulgaire ou d’effort.

Un vif sentiment de la poésie émanant du Christianisme en même temps que l’impuissance de retrouver la foi perdue, c’est l’impression dominante que dégage la trilogie dont nous venons de parler, et que dégage aussi le roman de Ramuntcho (1897).

Loti n’a peut-être rien écrit de mieux composé ni de plus impersonnel que cette idylle basque, qu’on peut à ce point de vue mettre sur le