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Il admirait à la fois en effet la dignité de sa vie et le charme aristocratique de son œuvre. Dans son discours, Loti oppose ces romans idéalistes, un peu conventionnels peut-être, aux romans selon lui beaucoup plus factices encore des naturalistes qui, sous couleur de vérité, ne laissent subsister en leurs personnages que ce qu’il y a de plus bassement instinctif chez les êtres les plus dégradés.

En 1892, Loti publie Fantôme d’Orient. C’est la suite d’Azyadé, et il est curieux de constater le chemin parcouru par Loti entre ces deux livres. Plus de déclamations et d’enfantillages, mais une pénétrante mélancolie. Moins d’intrigue encore que dans le livre du débuts mais une puissance si grande d’expression qu’une partie du volume peut être considéré comme un merveilleux poème en prose. L’Exilée, qui suivit Fantôme d’Orient (1893), est en partie consacrée à Carmen Sylva, la reine poète à laquelle le décor de Venise fait un cadre approprié.

Le reste du livre est un tableau de Constantinople dont Azyadé et Fantôme d’Orient renfermaient d’incomparables descriptions, et dont nul n’était mieux à même que Loti d’inventorier les merveilles.

Après le mélancolique épilogue donné à son roman d’Azyadé, il était difficile à Loti de composer un autre livre analogue. Lorsque d’ailleurs l’amour a atteint une telle intensité d’émotion, la religion apparaît à bien des amants insatisfaits comme le refuge suprême. Au début de l’année 1894, Loti,