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M. Patenôtre, qui porte au sultan avec d’autres cadeaux un canot électrique. Loti gagne à cheval Czar el Kébir, Fez et Mequinez. Il goûte l’ivresse des chevauchées par les plaines d’iris et d’asphodèles au soleil du printemps et son âme d’artiste se sent captivée par la magie du décor de ces villes inviolées où, souriants et beaux, des pachas vêtus d’étoffes somptueuses l’accueillent avec la courtoisie affinée spéciale à leur race. Avec un dédain croissant de la laideur moderne. Loti de ce voyage rapporte des descriptions admirables. Celles-ci restent dans son œuvre ce que préfèrent tous ceux qui méconnaissent la poésie de ses livres plus intimes, goûtent surtout en Loti l’artiste consommé.

Le Livre de la Pitié et de la Mort (1891) ne saurait plaire à ceux qui n’apprécient en Lot qu’un voyageur sachant voir et décrire. Il n’y a en effet dans ce volume que des rêves, de délicates et furtives impressions suggérées par des chattes, par un oiseau blessé que perd un vieux forçat et aussi des pages attendries sur les petits malades de Pen Bron, sur les Pêcheurs d’Islande, sur la mort de sa tante. Loti, en ces pages, a mis le meilleur de son âme émue douloureusement par toutes les détresses humaines et pour qui la vertu suprême reste la Pitié.

À cette époque prend place l’entrée de Loti à l’Académie. C’est le 7 avril 1892 qu’eut lieu la séance de réception à laquelle Loti fit de son prédécesseur Octave Feuillet un éloge convaincu.