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résument pas seulement de sèches notions scientifiques ; ils sont avant tout pour lui des symboles évocateurs entraînant sa pensée vers les terres exotiques.

L’enfant de plus en plus ambitionne un autre sort que celui de pasteur ; il est tenté par la vocation plus aventureuse de missionnaire. Mais ces rêves d’avenir à leur tour se transforment. Les prédications monotones dans des temples qui suent l’ennui éloignent peu à peu Loti de la religion. Autour de lui, à cause de son aptitude aux mathématiques, on parle de l’école polytechnique. Mais l’idée de vivre et de vieillir en un coin borné du monde, de faire chaque jour une besogne fixée d’avance, emplit l’enfant d’une sombre tristesse.

C’est alors qu’il entre au collège. Bien qu’il y soit en qualité d’externe, il souffre de la laideur du lieu, de la brutalité de camarades trop différents de lui, et tandis qu’il entre en troisième, que dans la tristesse des premiers froids il raye les jours sur son calendrier, il ne peut endurer sans amertume la tyrannie de ses maîtres « le bœuf apis » et « le grand singe » lesquels se font un jeu de cribler de pensums « le petit sucré » rebelle aux rigueurs de la discipline.

L’enfant, incapable d’écrire sur commande comme ses condisciples de brillantes narrations françaises, trouve une jouissance à écrire pour lui-même un journal qu’il enroule sur un roseau à la façon des papyrus anciens et où il note moins