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nue aux arbres savamment disciplinés, il réalise un type non sans charme de ville de province d’autrefois. Et, s’il est vrai que la mer y demeure invisible, tout y évoque cependant, avec son image, celle des pays exotiques. C’est le porche de l’arsenal s’ouvrant au bout de la rue principale ; ce sont tenant le haut du pavé, les marins en cols bleus et les soldats de l’infanterie coloniale ; ce sont les innombrables magasins où se vendent tous les objets d’équipement nécessaires aux gens de mer. Et si, lassé d’errer sous le soleil brûlant d’un après-midi d’été par les rues blanches et d’une propreté peu habituelle dans les ports, on entre au musée municipal, ce sont encore les voyages et les colonies lointaines qu’en ses petites salles silencieuses évoquent les curiosités qu’il contient. Des plantes, des coquillages, des madrépores, font songer aux îlots perdus du Pacifique ; des idoles de bois sculpté, des parures sauvages, rapportées d’Océanie ou d’Afrique par des marins qui ne sont plus, font vivre un instant le visiteur de la vie étrange ou charmeuse des peuples primitifs.

C’est à Rochefort que naquit le 14 janvier 1850 Julien Viaud (Pierre Loti) ; dans ce cadre que nous venons d’évoquer, s’écoula toute entière l’enfance heureuse et méditative du futur écrivain. Il appartenait à une vieille famille protestante, qui, au moment de la révocation de l’édit de Nantes, avait en partie émigré en Hollande et s’était en partie installée dans l’île d’Oléron, d’où elle était