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NOTICE.

aux muses, et les graces qui les entourent s’enfuient au bruit des armes et aux cris de guerre. Donc, Henri II n’est pas l’auteur que nous cherchons. Mais ne seroit ce pas Henri III ? Au caractère que les historiens ont attribué à ce monarque, au peu de connoissances et de moyens qu’il possédoit, on ne peut le croire capable d’un travail semblable. Marie a-t-elle suivi littéralement la version angloise ? Pour répondre catégoriquement, il seroit absolument nécessaire de connoître cette version, et l’on ignore aujourd’hui si elle existe. Afin de recueillir quelques documents à ce sujet, il faut comparer les fables de Marie avec celles des fabulistes du moyen âge. Par cette comparaison, on remarquera que Marie ayant traduit cent trois fables de l’anglois en françois, il s’en trouve soixante-cinq sur ce nombre dont les sujets ont été traités par Ésope, par Phèdre, par Romulus, et par l’auteur anonyme des fabulæ antiquæ, publiées par Nilantius. On remarquera également que la version angloise n’a pas seulement été compilée d’après ces auteurs, mais d’après divers fabulistes dont les noms sont inconnus, puisque dans les fables de Marie il y en a trente-neuf qu’on ne trouve ni