Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, II, 1820.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
NOTICE.

supposer qu’il lui auroit été impossible de comprendre celui du roi Alfred. Mais le manuscrit du British Museum n’attribue[1] pas ce recueil de fables à ce prince, il porte seulement que cette traduction fut faite par ses ordres. Aussi Spelman[2] nous apprend qu’il engagea et obligea la plupart des savants à instruire le peuple au moyen de chansons et d’apologues en langue vulgaire.

Les faits qui viennent d’être énoncés porteroient à présumer que ce recueil fut l’ouvrage des savants dont le roi aimoit à s’entourer ; malheureusement Spelman ne donne aucune preuve qui appuie cette opinion ; et ce qui doit contribuer à la faire rejeter, ce sont des noms de Séneschal, de Justicier, de Viscomte, de Prévost, de Baillif, de Vassal, qui se rencontrent dans la version latine et dans la traduction en vers françois, et qui devroient se trouver dans le texte anglois. Or, ces mots ont été introduits par les Normands lors de la conquête de la Grande-Bretagne par Guillaume le bâ-

  1. N° 15, A. VII, qui contient cinquante-six fables. Præfat. ad Fabul.
  2. Vita Alfredi, p 89.