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NOTICE.

culté ne peut pas être levée par la comparaison de quelques autres ouvrages.

Les poëmes de Robert de Glocester qui écrivoit en anglois au temps de Marie, existent encore ; et comparés aux compositions anglo-saxonnes du roi Alfred, ils doivent aisément faire connoître les variations survenues dans la langue angloise, depuis le IXe siècle jusqu’au XIIIe ; mais pour bien juger de ces changements, il est indispensable d’avoir une connoissance approfondie de la langue à ces deux époques. Le savant docteur Johnson convient qu’avant le XIIe siècle, la langue angloise avoit subi de grands changements, et que dans le siècle suivant, Robert de Glocester employoit un dialecte qui n’étoit ni saxon, ni anglois, mais une langue qui participoit des deux[1]. Cet auteur écrivant pour être entendu de ses contemporains, il falloit qu’il se servit du langage usité de son temps ; c’étoit un mélange de saxon, de normand-françois, et du nouvel anglois qui prenoit naissance alors. En réfléchissant aux peines que s’est données Marie pour apprendre le rude et grossier langage de Robert de Glocester, on doit

  1. Johnson’s History of the English language, page 5 et suivantes.