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NOTICE.

notion sur la messe, le paradis, la bible, le carême, les parlements, les grands vassaux, et autres choses inventées ou mises en usage ou connues bien long-temps après lui. Mais, se demandera-t-on, quelle étoit cette version angloise dont s’est servie Marie ? Il est difficile de répondre positivement à une question aussi embarrassante ; cependant, par quelques remarques, je vais essayer de l’éclaircir.

La grande réputation d’Ésope engagea plusieurs écrivains latins du moyen âge, à publier des collections de fables sous son nom ; et afin qu’on ne doutât pas qu’elles lui appartinssent, les faussaires eurent soin d’y faire entrer un nombre plus ou moins grand de celles qu’il avoit composées. Parmi ces compilateurs, on remarque Romulus, Accius Bernardus, Salon, et plusieurs autres qui ont gardé l’anonyme.

Le premier, qui est le plus célèbre, a dédié ses fables à son fils Tibérinus ; il y en a quatre-vingts écrites en prose latine, dont la plus grande partie est traduite d’Ésope ou de Phèdre. Rimicius les publia vers la fin du XVe siècle ; Frédéric Nilantius en a donné une édition à Leyde, en 1709, avec quelques notes curieuses et intéressantes. Ces deux éditions ont été effacées par celle