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NOTICE.

elle a fait usage, étoit une traduction du grec ; mais on répliquera d’abord que les fables de Phèdre peuvent prendre le nom d’Ésope, puisque l’auteur le dit lui-même en tête du prologue[1] ; ensuite, quoique Marie eût peut-être autant de feu et d’imagination que le poëte latin, qui brille principalement par l’élégance et la correction, elle n’avoit pas l’instruction nécessaire pour distinguer, au premier aperçu, quelle étoit la production de Phèdre ou celle de l’écrivain grec[2].

Quelques légers développements vont fournir la preuve de ce que j’avance. Dans son prologue, Marie prévient que les fables qu’elle traduit de l’anglois, l’avoient été déjà de grec en latin par Ésope ; puis elle met en vers les fables du Bœuf qui assiste à la Messe, du Loup qui jeûne pendant le Carême, la Dispute du Moine et du Paysan au sujet de la Bible, du Lion qui assembla son Parlement, etc. Certes, avec le peu de connoissance qu’elle pouvoit avoir de l’histoire ancienne, il lui étoit impossible d’ignorer que le bon Ésope ne pouvoit avoir aucune

  1. AEsopus auctor, quam materiam reperit,
    Hanc ego polivi, versibus senariis, etc.

    Phædr. prolog. lib. ier.
  2. Prologue des fables de Marie.