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NOTICE.

langue de son pays, elle s’est servie de cette version pour faire la sienne[1].

On ne peut donc contester l’existence de cette version en anglois, pourquoi ce peuple n’auroit-il pas eu une collection de fables écrites dans sa langue ? Quel est le littérateur qui voudroit soutenir un avis semblable ?

Pourquoi ne pas croire au témoignage d’un poëte qui assure avoir traduit ses fables d’après un original anglois et qui semble même s’applaudir de ce travail ; n’auroit-il pas trouvé bien plus d’avantages et de gloire à passer pour l’auteur, s’il l’eût été réellement ? En supposant même que son témoignage ne soit pas suffisant, il est facile de constater la vérité par d’autres moyens. Un manuscrit du museum Britannicum[2] contient la plus grande partie des fables d’Ésope en latin. Dans le préambule, il est dit expressément et en termes fort clairs qu’elles ont été traduites en anglois. L’écriture de ce manuscrit est du commencement du XIIIe siècle, temps où florissoit Marie ; et le copiste écrivant en latin, on ne peut le

  1. Le translata puis en Angleiz
    Et jeo l’ai rimé en Franceiz.

    Conclusion, vers 17 et 18.

  2. N° 15, A. VII.