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NOTICE.

tème ; il assure que les copistes se sont permis d’insérer différentes pièces étrangères parmi les fables de Marie[1]. Pour donner plus de vraisemblance à cette assertion et pour la soutenir, Le Grand auroit dû nommer et faire connaître les écrivains qu’il soupçonnoit être les auteurs de ces contes. Ayant négligé ce point important, on ne peut lui accorder aucune confiance, d’autant plus que ces mêmes contes se retrouvent dans presque tous les manuscrits de France et d’Angleterre. On ne peut présumer, malgré toutes les apparences et toutes les raisons qu’on pourroit apporter, que les copistes des deux nations aient pu s’entendre pour changer ou plutôt pour augmenter le nombre des fables ; et eu égard à la correspondance parfaite des manuscrits anglois et françois, n’est-on pas forcé de regarder les assertions de Le Grand comme chimériques et illusoires ? En admettant pour un moment ces mêmes assertions, ne pourroit-on pas demander depuis quelle époque

  1. Telles que le Lai de l’Oiselet, les fabliaux du Pré fauché, de la Femme noyée, du Villain qui avoit un Cheval à vendre, du Prud’homme qui vit sa Femme avec un Amant, de la Fille enceinte, les fables du Villain et de l’Escarbot, du Villain et du Loup, etc.