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NOTICE.

mais d’où peut provenir cette multitude de variantes qu’on remarque dans les copies ? Marie ne publia-t-elle originairement qu’une partie de ses ouvrages ? A-t-elle fourni par suite quelques suppléments, ou bien étoit-il permis à ses copistes de faire un choix de ses fables, de les prendre ou de les rejeter, et enfin de les changer, soit en les corrigeant, soit en y ajoutant, soit en supprimant de leur propre autorité ? Cette dernière opinion paroît être la plus probable ; car en comparant les manuscrits, on s’aperçoit que les copistes ont souvent retranché, soit le prologue, soit l’épilogue, soit enfin un plus ou moins grand nombre de fables. On en doit conclure que ces écrivains copiant, ou pour des amateurs qui ne vouloient qu’un choix des productions d’un auteur, ou quelquefois pour leur propre compte, s’inquiétoient peu de la postérité et des peines qu’ils préparoient aux Saumaises futurs ; c’est ce qui explique pourquoi il se trouve un si grand nombre de manuscrits imparfaits, comme il se trouve des éditions tronquées et mutilées.

Le Grand d’Aussy[1] avance un autre sys-

  1. Loc. cit., tom. IV, p. 161, 238.