Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, II, 1820.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
POÉSIES

Qui es lais, mavaiz, è vix.
Si suis, feit-il, telx cum je sueill[1],
Sel’ te ferai, fere le vueill ;
Fui, dist-ele, lesse m’ester[2],
Se jeo t’en oi huimès[3] parler10
Tenir te purras à bricun[4]
[a]Geo te batrai d’un grant bastun
Tant l’a li Goulpis encauchiée[5],
Qe l’Oursse s’est moult currechiée.
Après courout por lui férir[6],
Et il fouï por-il traïr.
Tant qu’il la maine à[7] un buissun
Les espines tuit envirun
L’unt atachiée et détirée,
[b]E par le poil l’unt décirée,20
Tant qu’el ne pot avant aler,

  1. Je te ferai jà d’un baston.

  2. Et par la pel l’ont enconbrée.

  1. Je suis comme nous avons coutume d’être ; mais encore une fois j’exige que tu m’accordes tes faveurs.
  2. Ester, demeurer tranquille, rester en repos, stare.
  3. Huimès, jamais.
  4. Bricon, misérable, méchant garnement, mauvais sujet.
  5. Poursuivie.
  6. Elle couroit après lui pour le battre, et le renard fuyoit pour la trahir ; la faire tomber dans ses filets.
  7. En, dans, à côté, vers, près.