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DE MARIE DE FRANCE.

Or, sai-jeo bien, près est ma fins,
Mandez, Sire, tus mes cuisins,
Si départiruns nustre aveir[1],
N’oze ù siècle plus remaneir[2].30
A tute la moie partie[3]
Me metrai en une abbeïe ;
Li Vilains l’ot, merci[4] li crie :
Lessiez ester, fet-il, Amie,
[a]Ne partirez de mei ensi,
Mençunge fu quankes jeo vi ;
N’oz, fait-ele, plus demurer
De m’âme m’estuet pensser
Enseurke-tut[5] pur la grant hunte
Dunt vus avez fet si grant cunte.40
Touz-jurs me serait repruvé

  1. Ne départons le notre ensi
    Menchonge fu kankes vos di ;
    Ni os, fet-ele, mais ester.

  1. Nous diviserons notre fortune.
  2. U siècle, dans le monde ; remanoir, rester, demeurer remanere.
  3. Avec ce qui me reviendra, je me retirerai dans un couvent.
  4. Merci ; pardon, misericordia.
  5. En sorte que, sur-tout, insuper.