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POÉSIES

mari y sera. Le lendemain, les deux époux étant assis tous deux sur un banc auprès du feu, une damoiselle entre avec un sac :

Ventouses porte à ventouser,
Et vait le borgois saluer.


Le mari rend le salut, il invite l’amant déguisé à s’asseoir et à se chauffer, celui-ci le remercie, et s’adressant à la femme, il lui dit :

Dame, vous m’avez ci mandée,
Et m’avez ci fete venir,
Or me dites vostre plesir.
Cele ne fu pas esbahie,
Vous dites voir, ma douce amie,
Montez là sus en cel solier,
Il m’estuet de vostre mestier,
Ne vous poist, dist-ele au borgois,
Quar nous revendrons demanois ;
J’ai goute és rains moult merveillouse,
Et por ce que sui si goutouse
M’estuet-il fère un poi sainier.

Fabliau de la Saineresse, manuscrit n° 7218, fo 211, vo col. 2, nouv. édit. des Fabl., tom. III, p. 452 et 453. Le Grand d’Aussy, tom. III, p. 417 et 428.

Enfin dans le roman de la Violette ou de Gérard de Nevers (édition publiée par Gueulette, p.), ce guerrier ayant été blessé, fut porté dans un château. « Après ce, la damoiselle vint ou chastel, si fist désarmer Gérard ; puis le fist moult souefvement coucher en ung lict. En après.... une pucelle de léans le prist en cure, sy en pensa tellement que en peu d’espace en commença fort a amender ; tant le fist assoulagier, que assez competamment le fist mengier et boire ; tellement et si bien en pensa la pucelle, que avant ce que le mois fust passé il fut remis sus et du tout guéri. »