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POÉSIES

Ou s’ele esteit sonef oulanz[1].
Li Singes fu mult veziiez[2],
Ne voleit mie estre jugiiez,
Or dist au Leus que molt esteit[3]
Anrimez, si qu’il ne poeit
De li sentir la seie flaireur,
Pur sun grant mal è sa doleur ;90
Entre deus iert, itant li dist.
Ne sout li Los que il féist[4],
[a]Car il nel’ pooit trère à mort[5]
S’il ne se voleit fere tort.
En sun lit malades se faint,
A tutes les Bestes se plaint
[b]Que ne l’aleient point visiter
Qu’il ne cuideit mais trespasser.

  1. Car ne le pot jugier à mort

  2. Que eles le vienent visiter,
    Que ne l’alaissent remeder,
    Le mal le fait molt tourmenter.

  1. Odoriférante, suave olens.
  2. Fin, subtil, dissimulé, versutus.
  3. Il répondit au loup qu’étant fort enrhumé, il ne pouvoit, à cause de son incommodité, lui dire quelle odeur avait son haleine, que cependant il présumoit qu’elle étoit entre deux, c’est-à-dire, ni douce, ni forte.
  4. Vous ne savez pas comment s’y prit le loup.
  5. Condamner à mort.