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DE MARIE DE FRANCE.

Tutes le tienent pur Sengnour,
Si li portent mult grant honour.
E quant li Truns ne se remut,
Celes virent bien que il s’estut[1]
Emmi cele eawe tut en pès,
Sor lui muntèrent à un fès ;
Lur vilanie sor lui firent,
El funs de l’iaue l’embatirent[2].
A la Destinée revunt
Roi demandent kar point n’en unt,30
Malvaiz fu cil que lor duna ;
Car Destinée i envoia
Une Culuevre grant è fort,
Qui les deveure et trait à mort.
Tutes furent en grant turment,

    lui marquer qu’il étoit son homme de corps, son homme lige, qu’il lui étoit entièrement dévoué, et qu’il pouvoit compter sur sa fidélité. Quant à l’hommage, c’étoit l’engagement que l’on prenoit envers son seigneur, de le servir en toutes occasions, de combattre pour lui en certains temps ou suivant la coutume du lieu et de le défendre de son propre corps. L’hommage lige différoit du simple ou plein hommage, en ce qu’il étoit très solennel ; pour les nobles, il se faisoit tête nue, les mains sur les évangiles ou sur les reliques, un genou en terre, sans ceinture, sans épée, et sans éperons.

  1. Qu’il restoit au milieu de l’eau sans bouger.
  2. Le précipitèrent, le plongèrent.