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puis la fait asseoir dessous le buisson d’Épine. La princesse raconte à son amant comment elle étoit descendue au verger, où, après avoir marché long-temps, elle s’étoit endormie jusqu’à l’instant où il l’avoit trouvée. Tandis qu’il écoutoit sa maîtresse, le prince jette les yeux de l’autre côté de la rivière, et voit venir un chevalier[1] qui, la lance levée, demandoit le combat. Il étoit couvert d’armes vermeilles, et son cheval entièrement blanc, étoit étroit dessous le flanc et parfaitement bien fait. Il s’arrête, mais sans traverser la rivière. Le damoiseau prévient son amie qu’il va combattre et que, pendant le temps du combat, elle ne sorte point de sa place. La princesse pensoit que si elle pouvoit se procurer un cheval, elle pourroit soutenir son ami et veiller à sa défense. Les deux rivaux, après avoir pris carrière et piqué leurs chevaux, courent l’un sur l’autre avec impétuosité. Ils se por-

  1. On ne sait pourquoi Le Grand d’Aussy a transformé ce chevalier en géant qui, au son du cor, défie tout ce que la Bretagne nourrissoit de braves.