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LAI DE L’ESPINE.

Sor un tapis devant le dois,
Ot lui maint Chevalier cortois,
Et ensanble o lui ses fis.
180Le Lais escoutent d’Aielis,
Que uns Yrois doucement note
Mout le sonne ens sa rote.
Apriès celi d’autre commenche,
Nus d’iaus ni noise ne ni tenche ;
Le Lai lor sone d’Orphéy[1],
Et qant icel Lai ot feni,
Li Chevalier après parlèrent ;
Les aventures racontèrent
Que soventes fois sont venues
190Et par Bretaigne sont véues.
Entr’iaus avoit une Meschine ;
Ele dist au gué de l’Espine.
En la nuit de la Saint Jéhan,
En avenoit plus en tout l’an,
Mais jà nus chouars Chevaliers,
Cele nuit n’i iroit gaitier.
Li Damoisiaus ot et entent
Que mont ot en lui hardiement,

  1. Ces deux Lais étoient fort célèbres, car il en est question dans plusieurs productions du temps. Ils sont malheureusement perdus, car le Grand d’Anssy, M. de la Rue et moi n’avons pu les retrouver. Ce dernier lai traduit en vieux anglois, a été publié dans le tom. II du Recueil de Ritson, et les notes sont tom. III, p. 333.