Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/571

Cette page a été validée par deux contributeurs.
555
LAI DE L’ÉPINE.

alla le lendemain à la chasse, où il prit une quantité extraordinaire de gibier. Le soir, après le souper, entouré de ses chevaliers et de son fils, il s’assied sur un tapis[1] placé au bas du trône, pour s’amuser à écouter les ménestriers. L’assemblée entendit d’abord le Lai d’Alix ou d’Adélaïde, qui fut chanté avec beaucoup de grace par un Irlandois, lequel s’accompagnoit d’une vielle. Après l’avoir achevé, il en recommença un autre que la société écouta fort attentivement, ainsi que le Lai d’Orphée par lequel il termina. Les chevaliers parlèrent ensuite entre eux, ils racontèrent les aventures fameuses arrivées dans la Bretagne, dont eux ou leurs pères avoient été les témoins ou les héros. Une jeune demoiselle rapporta que, chaque année, la veille de la Saint-Jean, il y avoit au gué de l’Épine, une aventure célèbre qui demandoit le plus grand courage, et que nul chevalier poltron n’avoit osé et n’oseroit jamais entreprendre. Le jeune

  1. Voici encore une preuve qu’on s’asseyoit sur des tapis. Voyez la note sur le Lai de Graelent.