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LAI DE L’ÉPINE.

ne puis vivre sans l’objet de mes amours. Oui, si je ne peux l’obtenir, j’en mourrai de douleur.


Pendant que les choses se passoient ainsi, la reine vint trouver son époux : Sire, dit-elle, je prends le plus grand soin de ma fille, et veille à ce que votre fils soit éloigné d’elle, car il n’a pas d’autre desir que de venir lui parler. Le malheureux prince restoit donc auprès du roi, comme son amie restoit auprès de sa mère. Ils étoient si étroitement surveillés, que, pendant un an, il leur fut impossible de pouvoir communiquer, soit par lettres, soit par messages. Ils étoient tenus si éloignés l’un de l’autre, qu’ils pouvaient à peine se voir et par conséquent s’adresser la parole.


Au terme fixé et huit jours avant la Saint-Jean, le prince reçut la chevalerie. Le roi