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LAI DE L’ÉPINE.

doux et très-beau de figure. Il étoit fils de roi et n’avoit plus besoin des soins qu’exige la première enfance. Il n’avoit pour veiller sur lui que son père et une belle-mère. Tous deux l’aimoient bien tendrement. De son côté la reine avoit d’un premier lit, une demoiselle charmante, remplie de qualités aimables. La jouvencelle également fille d’un roi, se faisoit remarquer par la beauté de ses attraits. Tous deux, d’une haute naissance, étoient encore dans un âge bien tendre, puisque l’aîné, le garçon, qui étoit le plus grand, n’avoit encore que sept ans. Ces deux enfants s’aimoient si tendrement que rien ne leur faisoit plaisir, s’ils n’étoient pas réunis. Ils prenoient ensemble leurs repas, alloient, venoient et ne se quittoient jamais. Les gens chargés de les surveiller leur accordoient la permission de faire tout ce qui leur plaisoit, à l’exception cependant de coucher dans le même lit, chose qui n’auroit pas été convenable. Quand ces enfants eurent atteint l’âge où les passions commencent à agir, ils contractèrent une amitié qui, avec l’âge, devint beaucoup plus