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LAI DE GRAELENT

un si grand éloge et tant vanté les attraits. Je veux lui être confrontée ; dans le cas où Graelent auroit dit la vérité, il doit être absous ; mais dans le cas contraire, vengez-moi de l’homme qui m’a si cruellement outragée. Le roi ordonne que le chevalier soit arrêté ; il ne lui accordera pas la moindre grace et jamais il ne sortira de prison qu’il n’ait auparavant montré cette beauté dont il a fait un si grand éloge.

Graelent est détenu ; il eût bien mieux valu pour lui de se taire ; il demande répit au monarque, parce qu’il s’aperçoit bien qu’il a commis une faute. La crainte d’avoir perdu sa mie, le fait trembler d’avance. Sa faute mérite un châtiment exemplaire ; plusieurs barons plaignent son sort et s’empressent de lui porter des paroles de consolation. Le roi lui donne un an pour attendre son jugement ; lors de la cour plénière, à la Pentecôte, il mandera ses vassaux, ses barons et ceux auxquels il a concédé des fiefs. Graelent y sera amené par ceux qui répondent de lui, et il y conduira la femme qu’il a tant louée. Si elle possède