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LAI D’ELIDUC.

dans de l’autel, vint se promener dans la chapelle, en passant sur le corps de Guillardon. L’écuyer ajuste son bâton, atteint la belette, la tue et jette l’animal dans un coin. Peu de temps après, la femelle parut et alla droit au corps de la belette qui avoit été tuée. Elle tourne autour de son compagnon, lui remue la tête, marche dessus, et voyant qu’elle ne peut faire relever son ami, elle semble se désespérer. Elle sort aussitôt de la chapelle, va dans le bois, y choisit une fleur rouge qu’elle rapporte entre ses dents, puis retourne près de l’animal qui étoit gisant. La belette place d’une certaine manière la fleur dans la bouche de son compagnon qui avoit été tué et qui revint aussitôt à la vie. La dame ayant remarqué cette cure merveilleuse, pria le varlet de retenir les belettes ; il jette son bâton sur ces animaux qui prennent la fuite, en abandonnant la fleur précieuse. La dame court s’en saisir et la met de suite dans la bouche de la pucelle. Après un moment d’attente, Guillardon revint à elle, soupira, ouvrit les yeux, puis ensuite parla