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LAI D’ELIDUC.

ment la commission. Il suivit Eliduc sans en être aperçu, le vit entrer dans la chapelle et l’entendit pleurer et se plaindre. Muni de ces instructions, l’écuyer craignant d’être aperçu, revient rendre compte à la dame de ce dont il avoit été témoin, de son entrée dans la chapelle, de la douleur et du désespoir du chevalier. La dame fort surprise de ce qu’elle apprenoit, mais néanmoins satisfaite d’avoir contenté sa curiosité, répondit : Il nous faut aller demain à l’ermitage, parce que mon mari doit se rendre à la cour pour aller parler au roi. Je sais que l’ermite est mort et que mon mari l’aimoit beaucoup, mais je ne puis croire que ce soit pour ce vieil homme qu’il est si affligé. Eliduc s’étant rendu à la cour, dans l’après-midi, la dame suivie de l’écuyer s’achemine vers l’ermitage. Sitôt qu’elle fut entrée dans la chapelle, elle aperçoit la jeune personne, qui sembloit rose nouvelle. En levant la couverture, elle voit un corps d’une beauté achevée, des bras et des mains d’une blancheur éblouissante, des doigts longs et potelés.