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LAI D’ELIDUC

d’autant plus grand, qu’il se regardoit comme la cause du trépas de Guillardon. Il consulte ses chevaliers pour lui désigner un endroit peu éloigné, où il pourra la faire ensevelir honorablement. Je veux la faire enterrer avec pompe dans une église[1], chose qui lui est due, puisqu’elle est fille de roi. Les chevaliers étoient si consternés du fatal événement dont ils avoient été les témoins, qu’ils ne savent que répondre. Eliduc se mit à réfléchir sur le lieu où il pourroit déposer les restes de l’objet de son amour, car son habitation étoit si près de la mer, qu’on pouvoit y arriver avant le dîner. Il se ressouvint que près de ses domaines, étoit une forêt de trente lieues de longueur, où demeuroit depuis plus de quarante ans un hermite auquel il avoit souvent parlé et qui desservoit une petite chapelle. Je lui porte-

  1. Le texte porte en cimetière béni que j’ai traduit par église.

    Cet usage d’inhumer dans les temples étoit déjà commun dans le XIIe siècle ; on en peut voir la preuve dans le Lai d’Ywenec, p. 305 et 309.