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LAI D’ELIDUC.

laissant son connestable parmi les prisonniers qui furent remis aux écuyers et dont le nombre s’élevoit à cinquante-cinq. Je ne parle pas de la prise des chevaux, des équipages et du butin. Les vainqueurs s’en retournent tous joyeux du gain de la journée. Le roi monté sur une haute tour, craignoit pour ses hommes ; il se plaignoit d’Eliduc, qu’il soupçonnoit de l’avoir abandonné. Il voit revenir une troupe nombreuse chargée de dépouilles. Et parce que le nombre de ses hommes qui venoient à la ville, étoit beaucoup plus considérable qu’à la sortie, le roi ne les reconnût pas. Dans le doute où il étoit, il donne l’ordre de fermer les portes, fait monter ses soldats sur les murs pour se défendre contre les arrivants ; par bonheur ces ordres sont inutiles. Un écuyer envoyé à la découverte, revient et fait connoître les détails de la victoire remportée par Eliduc ; il raconte la marche qu’il avoit suivie, comment il avoit fait à lui seul, outre le connestable, vingt-neuf prisonniers sans compter les morts et les blessés. Le roi se réjouit fort à cette nouvelle, et descen-