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LAI D’ELIDUC.

les plaisirs du roi. Cependant des jaloux firent des rapports infidèles au prince qui se brouilla avec son favori. Eliduc dont la faveur avoit excité l’envie des courtisans, fut accusé et bientôt congédié de la cour, sans motifs apparents.

C’est en vain qu’il pria le roi de lui accorder un entretien particulier pour lui prouver son innocence ; le prince ne répondit jamais à sa demande, et le chevalier voyant que ses démarches étoient inutiles, prit le parti de quitter la cour et de revenir chez lui. Sitôt qu’il est de retour il mande tous ses amis, il les prévient qu’il ne peut connoître les motifs de son seigneur pour lui en vouloir, d’autant plus qu’il l’a fidèlement servi. J’étois loin de m’attendre à pareille récompense, mais ma position prouve la vérité du proverbe du villain qui dit qu’un homme sage et instruit ne doit jamais disputer avec son cheval de charrue, et ne doit jamais compter sur la reconnoissance de son prince ; le vassal doit à ce dernier la fidélité, comme à ses voisins des services d’amitié. Le chevalier prévint ses amis