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LAI DU CHÈVREFEUILLE.

tendu dire que les barons bannis de la cour, s’étoient réfugiés à Tintagel ; que le roi, aux fêtes de la Pentecôte, tiendroit dans cette ville une cour plénière[1] extrêmement belle, où l’on devoit beaucoup s’amuser, enfin que la reine devoit y assister.


Tristan fut d’autant plus enchanté de ce qu’il venoit d’apprendre, que la reine devoit infailliblement traverser la forêt pour se rendre à Tintagel. En effet, le roi et son cortège passèrent le lendemain. Yseult ne devoit pas tarder à venir ; mais comment lui apprendre que son amant est si près d’elle ? Tristan coupe une branche de coudrier, la taille quarrément et la fend en deux, sur chaque côté de l’épaisseur il écrit son nom avec un couteau, puis met les deux branches sur le chemin, à peu de distance

  1. Grande assemblée qui se tenoit ordinairement aux trois ou quatre grandes fêtes de l’année. Pendant sa tenue le roi portoit toujours la couronne sur sa tête. Voyez le Grand d’Aussy, Fabliaux et Contes, in-8o, tom. I, p. 25.