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NOTICE

simplicité de style particulière à nos romans anciens, et qui fait douter si la Fontaine n’a pas plutôt imité notre auteur que les fabulistes d’Athènes et de Rome. L’inimitable Bon-homme n’auroit point trouvé dans Ésope et dans Phèdre les avantages qui lui ont été offerts par Marie. À la moralité simple et nue des récits du fabuliste phrygien, l’affranchi d’Auguste joignit l’agrément de la poësie. On connoît la pureté de son style, sa concision, son élégance. Marie écrivant en françois, dans un temps où la langue, encore dans son enfance, ne pouvoit offrir que des expressions simples et sans art ; elle y joignit des tournures agréables, et une manière naturelle de tourner la phrase sans laisser apercevoir le travail ; Ésope et Phèdre, ayant au contraire écrit en grec et en latin, n’ont pu fournir à la Fontaine que des sujets et des idées, tandis que Marie lui présentant les uns et les autres, a pu lui suggérer aussi des expressions, des tournures et même des rimes. Il est inutile de faire remarquer que dans les ouvrages de la Fontaine, il se trouve une foule de mots anciens qui, sans un commentaire, seraient inintelligibles.