Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.
325
LAI DU LAUSTIC.

tachée sur la poitrine. Aussitôt il sortit de l’appartement. La dame ramasse le corps du rossignol, elle verse des larmes et maudit de tout son cœur les misérables qui avoient fait les engins et les lacs. Ah ! malheureuse, quelle est mon infortune, je ne pourrai désormais me lever la nuit ni aller me mettre à la fenêtre, où j’avais coutume de voir mon ami. Je n’en puis douter, il va penser sans doute que je ne l’aime plus ; je ne sais à qui me confier, et à qui demander conseil. Eh bien ! je vais lui envoyer le rossignol, et l’instruire de ce qui vient de se passer. La dame enveloppe le corps du malheureux oiseau dans un grand morceau de taffetas brodé en or, sur lequel elle avoit représenté et décrit l’aventure. Elle appelle un de ses gens et l’envoie chez son ami. Le valet remplit sa mission, il se rend auprès du chevalier, le salue de la part de sa maîtresse, puis, en lui remettant le rossignol, il lui raconta l’histoire de sa mort. Le bachelier qui étoit fort sensible fut vivement affecté d’apprendre cette nouvelle ; il fit faire un petit vase, non pas de