Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.
295
LAI D’YWENEC.

lier s’en va. La vieille remarqua la manière dont l’amant entroit et s’introduisoit auprès de sa belle, et comment il la quittoit. Elle ne pouvoit cependant se rendre compte de cette métamorphose d’oiseau en homme et d’homme en oiseau. Dès que le mari, qui ne s’étoit guère écarté, fut de retour, la vieille lui raconta tout ce dont elle avoit été témoin. Dans sa colère il jure de se venger. Pour cela il fait sur-le-champ construire un piége qui doit donner la mort au chevalier. Ce piége consistoit en quatre broches d’acier fort pointues qui se replioient l’une sur l’autre en se fermant, et qui étoient plus tranchantes que le meilleur rasoir. Sitôt que cet objet de vengeance fut achevé, le mari le fait poser sur le bord de la fenêtre par où entroit le chevalier quand il venoit visiter sa dame. Ah Dieu ! pourquoi faut-il qu’il ne soit pas instruit du sort affreux qu’on lui prépare !

Le mari se leva le lendemain matin avant le jour ; il dit qu’il part pour aller chasser. La vieille sort du lit pour l’accompagner, puis elle revient se coucher parce que l’au-