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LAI DES DEUX AMANTS.

consolé de la perte d’une épouse chérie. Sa fille croissoit en âge comme en beauté ; les gens de sa maison et ses sujets murmuroient de ce qu’il ne songeoit pas à la marier. Le roi fut instruit des plaintes de son peuple ; et malgré le chagrin qu’il ressentoit de se séparer d’une personne aussi chère, pour ne mécontenter aucun des nombreux prétendants à la main de sa fille, il fit proclamer dans ses états que celui qui, sans se reposer, porteroit la princesse sur le sommet de la montagne, deviendroit son gendre. Dès que cette nouvelle fut répandue, il se rendit de tous côtés une foule de jeunes gens qui essayèrent en vain de remplir la condition imposée, mais inutilement. Les uns alloient au quart du chemin, les autres à la moitié ; enfin, rebutés de l’inutilité de la tentative, ils retournèrent tous chez eux. En sorte que la difficulté de l’entreprise fut cause que personne ne demanda la belle demoiselle.

Dans le pays étoit un jeune homme, fils