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LAI DE LANVAL.

de ce qu’il ne s’ôta pas la vie. Il ne fait que gémir, pleurer, se tordre les mains, et donner les marques du plus grand désespoir. Hélas, que va devenir ce chevalier loyal que le roi veut perdre ! Les barons viennent lui intimer l’ordre de se rendre sur-le-champ à la cour, où le roi le mandoit pour répondre à l’accusation faite par la reine. Lanval les suit le désespoir dans le cœur ; et ne desirant que la mort ; il arrive en cet état devant le monarque.

Dès qu’il parut, Arthur lui dit avec emportement : Vassal[1], vous êtes bien coupable à mon égard, et votre conduite est répréhensible ? Quel étoit votre dessein en insultant la reine, et en lui tenant des discours déplacés. Vous n’aviez sans doute pas la raison bien saine lorsque, pour vanter les charmes de votre maîtresse, vous avez avancé que la dernière de ses suivantes étoit plus belle et plus aimable que la reine.

Lanval se défendit sur la première accusation d’attenter à l’honneur de son prince,

  1. Voy. la note I sur le Lai de Gugemer, p. 57.