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LAI DE LANVAL.

avec lesquels vous vous amusiez. Allez, misérable, allez, le roi a fait une bien grande sottise lorsqu’il vous retint à son service. Piqué des reproches de Genièvre, Lanval lui fit dans la colère, une confidence dont il eut bien à se repentir. Madame, lui dit-il, je n’ai jamais commis le crime dont vous m’accusez. Mais j’aime et je suis aimé de la plus belle femme qu’il y ait au monde. Je vous avouerai même, madame, et soyez-en persuadée, que la dernière de ses suivantes est supérieure à vous par la beauté, l’esprit, les grâces et le caractère. Genèvre en fureur de cette réponse humiliante, se retire dans sa chambre pour pleurer, elle se dit malade, se met au lit d’où elle ne sortira, dit-elle, que lorsque le roi son époux aura promis de la venger.

Arthur avoit passé la journée à la chasse, et à son retour, encore joyeux des plaisirs qu’il avoit goûtés, il se rendit à l’appartement des dames. Sitôt que Genèvre l’aperçoit, elle vient se jeter aux pieds de son époux, et lui demande vengeance de l’ou-