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LAI DE LANVAL.

tous, et son cousin le bel Yvain[1]. Seigneurs, dit-il, ce seroit mal faire que de nous divertir sans notre ami Lanval, homme aussi brave que généreux, et fils d’un riche roi. Il faut l’aller chercher et l’amener ici. Aussitôt ils partent, se rendent à l’hôtel de Lanval qu’ils trouvent, et à force de prières, ils parviennent à l’emmener avec eux. À leur retour la reine s’étoit appuyée sur l’une de ses croisées, derrière elle se tenoient les dames de sa suite. Ayant aperçu Lanval qu’elle aimoit depuis long-temps, Genèvre appelle ses suivantes, choisit les plus jolies et les plus aimables, il y en avoit au moins trente, et descend au verger pour partager les jeux des chevaliers. Dès qu’ils voient venir les dames, ils s’empressent d’aller à leur rencontre jusqu’au perron pour leur offrir la main. Pour être seul, Lanval s’éloigne de ses compagnons ; il lui tarde beaucoup de rejoindre son amie, de la voir, de

  1. Messire Yvain, fils du roi Urien, l’un des rois vassaux d’Arthur, Voy. Ritson Loc. cit., tom. III, p. 225.