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LAI DU BISCLAVARET.

seurs qui étoient près de le prendre, lorsque voyant venir le roi, il alla à sa rencontre pour demander grace. Le Bisclavaret saisit l’étrier du monarque, lui baise le pied et la jambe. Le roi eut d’abord peur, mais aussitôt revenu de son effroi, il appelle à lui ses compagnons. Venez, seigneurs, venez considérer cette merveille ; regardez comme cet animal s’humilie ; il a l’intelligence de l’homme, puisqu’il crie miséricorde. Faites retenir les chiens et veillez à ce que personne ne le blesse. Allons, apprêtez-vous, retournons au château, car je ne veux pas chasser davantage, et suis trop satisfait de ma découverte. Le prince se met en marche avec le Bisclavaret qui suit ses pas, et qui ne veut pas l’abandonner. Le roi joyeux de sa capture qu’il regarde comme une chose surprenante l’emmène au château. Ayant pris le Bisclavaret en affection, le monarque ordonne aux gens de sa cour, sous peine d’être privés de ses bonnes graces, non-seulement de ne point battre ou toucher à son loup, mais encore d’en avoir le plus grand soin. Pendant le jour, le Bisclavaret restoit près des